L'attente met l'humain dans un état de fragilité, de questionnements, de non-dits, de ressentis divers : elle est peuplée de vécus minuscules et fait sortir d'un train-train quotidien par le rêve ou la folie.

          Attendre, c'est porter son regard alentours et prendre le temps de méditer. C'est aussi agir et réagir à l'instant présent, retrouver des pulsions animales, et se confronter à soi-même, à sa condition d’être humain.            Lorsqu'elle est partagée pour une durée indéfiniment longue, l'attente provoque des émotions et des comportements d'une rare violence. Les personnes qui partagent le même espace d'attente passent par différentes phases : d'abord l’espoir est là et il reste inconsciemment la possibilité que cette attente soit courte, le rapport à la réalité est encore très présent. Puis elles passent par une phase plus personnelle et intime : l’individu se révolte contre la situation,par le jeu ou l’imaginaire, par la violence ou la folie, l’apathie ou l’hyperactivité. Elles se retrouvent face à leur espace-temps nouveau, l’incertitude du futur. Enfin durant la dernière phase, les personnes s’adaptent à la situation, tentent de retrouver un sens à leur attente et à leurs vies. C’est un moment de survie où il faut se reconstruire pour ne pas sombrer dans la folie ou la déraison. Le lien à l’autre et à l’environnement reprend un sens. Un autre monde et un autre espace-temps se construit.

         Mettons donc l'humain face à lui-même et aux autres. Donnons corps à ses émotions, ôtons-lui la parole et laissons-le s'exprimer avec des gestes. Et partageons notre humanité à travers ce spectacle.